Petit Monstre est née lors de la saison froide, d'une mère qui semblait folle amoureuse du mâle qui lui avait permis d'avoir cette portée de quatre louveteaux. Cette louve accorda le nom de Petit Monstre à l'unique femelle tout simplement parce que celle-ci ne cessait point de bouger et de hurler, à presque les rendre fous. La petite louve ne s'entendait point avec ses frères, mais cela ne frôlait absolument pas l'excès. Ils avaient seulement des petites disputes, rien de très désagréable. Il est sans doute important de dire que Petit Monstre s'est montrée au fil du temps égoïste, apprenant de ses frères parce que ceux-ci avaient tendance à toujours vouloir ce qu'elle parvenait à avoir, alors elle apprit à protéger ses avoirs pour ne pas se les faire dérober. Elle regardait souvent ses parents se regarder et se disait que l'amour devait sans doute être magique et intéressant, rêvant même de rencontrer ce loup qui lui permettrait d'avoir des petits à son tour, jusqu'à ce fameux jour...

Six lunes. Petit Monstre prit le nom de Nuage Monstrueux, et son mentor fut Déclarations Mortelles, une guerrière désagréable et froide, très exigeante et stricte. La nouvelle novice n'était pas contente du mentor qui lui avait été attribuée et elle ne faisait rien pour le cacher. Un jour, elle s'éloigna sans écouter Déclarations Mortelles lorsque cette dernière l'appelait pour débuter l'entraînement sur le champ. La louve au pelage noir s'approcha alors furtivement de ses parents qui ne semblaient pas contents. De ce fait, la femelle ne se fit pas remarquer ni entendre pour pouvoir comprendre ce qui créait une telle tension entre deux êtres qui semblaient s'aimer plus que tout. Elle tendit l'oreille afin de capter la discussion et fut figée sur place.

« Mais j'en ai marre de toi ! Tu vas vers les autres mâles alors que tu m'as moi comme compagnon !

- Et qui t'as dit que je ne voulais que toi ? Et toi même tu vas vers les autres femelles. »

Et la dispute se continua. Ce fut l'élément déclencheur chez la novice, ce qui changea son idée de l'amour : l'amour n'était qu'illusion, que superflu. Ce fut seulement l'élément déclencheur de son esprit qui était d'une certaine façon de base séducteur. Combien de fois avait-elle apprécié être regardée par les mâles, voire même qu'ils lui tournent autour ? Il ne lui avait fallu que la confirmation que même ses parents ne s'aimaient pas suffisamment pour ne pas aller voir ailleurs pour que Nuage Monstrueux ne décide de succomber aux jeux de séduction et cesser de désirer les louveteaux... D'ailleurs, à présent qu'elle pouvait voir à quoi ressemblaient des louveteaux, elle se demandait comment sa mère avait fait pour supporter six lunes avec eux.

La vie suivit alors son cours. Même si de fréquentes disputes opposaient Nuage Monstrueux à Déclarations Mortelles, la novice finit tout de même par obtenir son nom de guerrière, et son rang par la même occasion, sans aucun événement spécial. Désormais Intempéries Monstrueuses, elle se réjouit de l'acquisition de responsabilités et surtout, surtout... des possibilités de sorties, et plus particulièrement, la possibilité de faire des folies avec son corps gracieux de louve. Désormais séductrice dans l'âme, son caractère avait totalement fini de se confirmer, et elle était loin d'être fragile et naïve, cette guerrière. Elle portait sans doute très bien le nom de guerrière. Quelques lunes passèrent, 17 lunes. Première portée. Elle les regarda sans affection, et c'est ce même regard qu'elle adressait au père, même si elle se plaisait de faire croire à tout ceux qui l'entouraient qu'elle aimait les louveteaux. Tellement bien que l'on croit qu'elle était une mère aimante et que les enfants ne manquaient de rien. Ce que les louveteaux n'avaient pas, ils allaient le chercher auprès de leur père, un mâle gris au regard vert. Les enfants surent s'en sortir et devinrent des novices appliqués. Un d'entre eux avait un caractère plus explosif que les autres, tout de même.

La louve eut, 10 lunes plus tard, une nouvelle portée. Cette fois-ci avec un mâle blanc aux yeux bleus, comme elle. Et tout comme la première portée, elle ne fut pas la mère qu'elle prétendait être. Mais aussi, tout comme l'autre, le père prit en charge l'éducation des petits et leur permit de rester dans le droit chemin. Six lunes plus tard, elle fut « libérée » des petits mioches et reprit son attitude séductrice. Ce fut ce jour-là qu'elle rencontra ce solitaire étrange qu'elle prit de prime abord pour un renard. Il avait une robe rousse et sa morphologie se confondait avec celle d'un renard pour le rendre encore plus beau. C'était inévitable : elle le voulait sur son tableau de chasse. Elle ne connut jamais son nom. Elle ne sut jamais d'où il venait et ne le comprit jamais non plus. Elle le croisa deux semaines avant d'obtenir ce qu'elle désirait. Il était dangereux. Froid. Même instable. Il n'était pas bavard, sauf quelques rares fois où il faisait froid dans le dos. Il disait des choses étranges, il parlait de choses macabres. De mort. De papillons dans le corps, il n'était pas cohérent. Il n'aimait pas, il détestait. Et peut-être était-ce pour cela qu'il domina la belle pendant le rapport et lui fit mal. Elle fut secouée, après cette expérience. Mais elle s'en remit en une seule journée. Surtout qu'elle ne le revit plus. Mais elle avait un souvenir. Une portée. Qu'elle n'aimait pas. Comme les autres. Sauf que celle-ci tourna mal, sans père pour les encadrer. Les lunes passèrent. Ils devinrent apprentis guerriers et la guerrière, sans avoir retenu de leçon, reprit sa poursuite des mâles. Elle ne comprit que tard, deux lunes après une guerre, qu'un de ses fils était mort et ne remarqua même pas l'absence du deuxième. Elle n'avait même pas réalisé que le troisième avait fini par être le guérisseur du clan.

Et pendant les lunes qui suivirent jusqu'à aujourd'hui, elle eut une autre portée dont deux louveteaux tournèrent étrangement, mais rien qui ne marqua réellement la louve. Intempéries Monstrueuses est sans doute impossible à atteindre et à marquer, tout comme l'amour la fuit. Elle ne désire pas l'amour, juste les expériences charnelles.